r. Semaine du 19/04 au 25/04/2021 "Femme au béret mauve", Picasso

  • Pablo Picasso (Malaga 1881, Mougins 1973)

    Femme au béret mauve, 1937

    La vente d’art impressionniste et moderne organisée par Bonhams le 13 mai prochain à New York sera l’occasion de redécouvrir un portrait peint par Picasso en 1937. C’est l’une de ses muses, Marie-Thérèse Walter, qui se cache derrière la Femme au béret mauve, estimée entre 10 et 15 millions de dollars.

     

     

    Peindre la femme aimée

    Tout au long de sa vie, l’une des principales sources d’inspiration de Picasso est la figure humaine. Outre de nombreux autoportraits, il se consacre sans relâche à la représentation des femmes qui partagèrent son existence, de son premier modèle, Fernande, à son ultime compagne, Jacqueline. Jouant avec la forme classique du portrait, il le déconstruit ou le reconstruit selon les périodes qui rythment ses explorations de la forme et de la couleur. Lorsqu’en 1927, au hasard d’une promenade parisienne, il s’arrête net devant la jeune Marie-Thérèse, c’est avant tout un visage et un corps qui l’interpellent. Son entrée dans la vie de Picasso marque alors un renouveau dans son approche de la sculpture, mais aussi de la peinture, comme se le remémore Brassaï : « Il aimait la blondeur de ses cheveux, son teint lumineux, son corps sculptural. Depuis leur rencontre, sa peinture commença à onduler ».

    Mais l’apparente douceur qui se dégage de ce portrait ne doit pas faire oublier que lorsqu’il peint cette toile, Picasso est alors déjà profondément tourmenté par les bouleversements de son époque et en premier lieu par la guerre civile espagnole, qui a éclaté en 1936. L’œuvre, réalisée au mois de mars 1937, est ainsi peinte quelques mois avant que l’artiste ne commence ses premiers croquis pour Guernica. 

     

    D’une muse à l’autre

    L’œuvre illustre en outre la diversité de la représentation de la femme par Picasso, qui peint la même année Femme en pleurs, incarnation à vif de la douleur qui fait là encore référence aux bombardements en  Espagne. Mais son modèle pour cette œuvre n’est plus Marie-Thérèse, c’est Dora Maar, qu’il a rencontrée en 1935. La vie personnelle du peintre est alors particulièrement agitée : toujours marié à Olga dont il est séparé mais qui lui refuse le divorce, il est également partagé entre la mère de sa fille Maya et sa nouvelle muse, Dora Maar. Celle-ci occupe une place toujours importante dans sa vie jusqu’à éclipser Marie-Thérèse, dont il se détache définitivement à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si cette dernière est associée à une figure paisible dans l’œuvre de Picasso, les représentations de l’artiste engagée qu’est Dora Maar renvoient à une autre image de la féminité, plus tourmentée. D’elle, Picasso dit ainsi qu’il n’a « jamais pu la voir, l’imaginer autrement qu’en train de pleurer ».

     

    Femme en pleurs, 1937

     

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