Sandro Botticelli (né Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi), Florence 1445 – 1510
Portrait d’un jeune homme tenant un médaillon (1470 – 1480)
Dimensions : 58,4 x 39,4 cm (H x L)
Voici un portrait qui a fait la Une des journaux le 28 janvier 2021 pour sa mise en vente aux enchères à New York par la maison Sotheby’s et pour son prix exorbitant : 92,2 millions de dollars (76 millions d’euros) ! C’est désormais la deuxième œuvre d’art la plus chère au monde, après le « Salvador Mundi » (de Léonard de Vinci ?), acheté en 2017 au prix de 450 millions de dollars…
C’est l’un des nombreux portraits du grand maître de la Renaissance florentine, Sandro Botticelli, artiste très proche de la puissante famille Médicis qui gouverna Florence par intermittence pendant trois siècles. Durant la Renaissance, le genre du portrait était particulièrement apprécié parce qu’il permettait de représenter les membres des familles appartenant à l’élite de la société.
On ne connaît pas l’identité du jeune homme mais il s’agirait d’un proche très riche de la famille des Médicis. Ici l’artiste met de côté la pose de profil employée dans l’Antiquité et toujours à la mode à son époque, pour lui préférer la représentation de trois-quarts. Cela permet au personnage de nous interpeller par son regard, en créant une sorte de proximité avec ses spectateurs. L’ambition était de parvenir à montrer à travers l’aspect physique d’un modèle, son être invisible, son caractère, ses goûts, ses pensées. En un mot, son esprit, son âme.
Les délicats traits du visage, les cheveux mi-longs séparés d’une raie médiane et son pourpoint, simple d’aspect mais d’une couleur rappelant le luxe, concourent ensemble à incarner un idéal de beauté et de mode dans l’aristocratie florentine. Les mains semblent sortir du cadre et tiennent un médaillon représentant l’icône d’un saint sans ses attributs. La présence de la fenêtre est le symbole d’une ouverture sur le monde extérieur et contribue à donner une certaine profondeur au portrait. Par tous ces détails, Botticelli met en œuvre l’un des préceptes énoncés par le théoricien de l’art Leon Battista Alberti dans son traité « De Pictura », selon lequel « la peinture doit faire entrer le réel dans l’imaginaire ».