Mihai Eminescu est notre poète national qui exprime et incarne dans son brillant travail, dans une synthèse d'une grande profondeur, les traits du peuple roumain. Il est le plus grand poète de notre littérature et le dernier poète romantique de la littérature universelle. Son nom se retrouve parmi les grands romantiques: Hugo, Lamartine, Musset, Vigny, Goethe, Schiller, Heine, Byron.
Le motif littéraire principal rencontré à Eminescu est celui de la Lune, présent dans presque tous les poèmes. Elle est "maîtresse de la mer", dans la Lettre I, ou "reine de la nuit morte", dans la Mélancolie, en tout cas elle est toujours impressionnée par son apparence et symbolise l'amour. Il convient de noter qu’elle n’apparaît jamais autrement que sous la forme de la pleine lune, à l’exception de la Lettre III où elle revêt une autre signification (la nouvelle lune en descente était le blason de l’Empire Ottoman).
La lune sur les cimes
MIHAI EMINESCU
La lune sur les cimes glisse,
Les arbres doucement frissonnent,
À travers les branches qui bruissent
Un cor tristement sonne.
Sa voix se perd dans le lointain,
Petit à petit elle s’éteint,
Berçant mon esprit et mon corps
De doux sentiment de la mort.
Pourquoi refuser à mon cœur
Le charme poignant de ta voix ?
Aurais-je à nouveaux le bonheur
De t’écouter sonner pour moi ?
Lucian Blaga (1895 - 1961) a été une personnalité complexe de la culture roumaine entre les deux guerres mondiales: philosophe, poète, dramaturge, traducteur, journaliste, professeur universitaire, académicien et policien des affaires étrangères. Son oeuvre est traduite dans plusieurs langues et il a lui-même fait la traduction de Faust de Goethe et des Oeuvres de G.E. Lessing.
Amoureux de la lumière, il fait entrer aussi la LUNE dans ses vers…
La Sonate de la Lune
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Lucian Blaga
La Sonate de la Lune par Beethoven
n’est que la lune elle-même descendue sur terre
Ainsi le croirait-on et le dirait-on:
la lune qui erre dans les forêts,
par la rosée bleue et les fleurs de lys,
et dresse de ses rayons
amères et du vent doux
Ophélies. Marguerittes. Béatrices.
Parmi elles, toi, tu y es
comme une partie de la Sonate
qui n’a été jamais jouée.
Traduction: Andreea Bucur (XIIe E, CNCH Piatra-Neamt)
Photo: Andrei Asavei (XIIe B, CNCH Piatra-Neamt)
Silence
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Lucian Blaga
Il y a tant de silence tout autour qu’il me semble entendre
les rayons de lune cogner dans les vitres.
Dans ma poitrine
une voix étrangère vient de s’éveiller
et une chanson chante là-dedans
un désir infini qui n’est pas le mien
On dit que les ancêtres qui sont morts avant le temps,
le sang toujours jeune dans les veines,
à grandes passions dans leur sang,
le soleil ardent dans leurs passions,
viennent,
ils viennent vivre toujours,
en nous
la vie qu’ils n’ont pas vécue.
Il y a tant de silence tout autour qu’il me semble entendre
les rayons de lune cogner dans les vitres.
Oh, qui sait – mon âme, dans quelle poitrine tu chanteras,
toi, après des siècles,
sur des cordes douces de silence
sur une harpe d’obscurité – les désirs étranglés
et la joie brisée de vie? Qui sait?
Qui sait?
Traduction: Ilinca Filip (XIIe F, CNCH Piatra-Neamt)