Une légende roumaine

  • "Le  Soleil  et  la Lune" 

    prezentare legenda.ppt

    et ... UNE AUTRE LEGENDE que la Lune semble avoir inspirée!

    ROXANA BOBRIC (XIe E, CNCH Piatra-Neamt)

    Les légendes de Neamt* à l’abri ...

    Sous les rayons de la Lune...

     

                     On dit - et on le croit, comme on le fait toujours chez nous, dans la région de Neamt - qu'il y a eu dans ces contrées un héros pareil à celui des  contes anglais, celui  que l'on appelle Robin des Bois. On dit aussi que ce serait le dernier « haïdouk » (« brigand ») et qu'il vit encore grâce aux témoignages des vieilles gens, parce que leurs parents l'auraient connu et avaient trouvé bon de garder sa mémoire vive – comme la lumière de la Lune traverse la nuit... -dans les histoires dites à leurs enfants et, plus tard, à leurs petits-enfants. Moi, je suis un tel enfant, qui a entendu cette légende tant de fois qu'il me serait impossible de l'oublier.

    Le haïdouk de cette légende m'a toujours fasciné, même si son nom n’a rien de spécial. Même si son nom est Dumitru, Dumitru Balta.

    Et la légende commence par l'histoire de trois frères : Nicolae, Constantin et Dumitru. Quand Dumitru, le benjamin, avait 16 ans, Nicolae, son frère aîné, a été pris dans l’armée. Le soldat Nicolae achetait  ses permis en offrant du fromageon à son commandant. Mais comme on lui demandait de plus en plus de fromage, il n'en prit plus de la bergerie de son père et en vola des bergeries des plus riches. Un jour, les gendarmes ont arrêté Nicolae. Dumitru, qui l’avait accompagné, a été lui aussi arrêté et mis en prison. Mais ils creusèrent la terre de  leurs  fourchettes de prisonniers  et s’enfuirent par un tunnel.

    Nicolae et Dumitru ne pouvaient plus rentrer dans leur village. On les cherchait partout. Alors ils construirent une maison en argile dans une forêt lointaine et ils y amenèrent aussi leur frère Constantin. Plusieurs soldats du village de Nicolae se sont évadés de l'armée, car la guerre n’était pas pour ces gens comme elle ne l'avaient pas été pour les Daces, leurs ancêtres, il y a des siècles... Et ces soldats allèrent dans la forêt qui abritait les trois frères Balta et demandèrent de lutter selon  leurs propres lois contre les vrais dangers de leur époque : les richesses imméritées des boyards. Ils formèrent une bande et devinrent de plus en plus nombreux à attaquer les riches et à prendre leur argent. Ils aidaient les pauvres en leur donnant leurs captures et on raconte que les  haïdouks  des bois étaient protégés par les habitants des villages voisins. Car on avait commencé à interroger les gens sur la cachette de la bande de Balta et à offrir des récompenses pour les témoignages qui la dévoileraient.

    Les trois frères étaient des héros de cette époque-là. Pourquoi donc on a retenu de nom de Dumitru en premier?

    Et bien... parce que, comme dans toutes les belles histoires, il s’agit aussi d’une histoire d’amour dans cette légende. Une belle nuit de pleine lune, une sorcière a dit la bonne aventure à Dumitru et il apprit qu'il rencontrerait  enfin son amour, que, lui et la femme qu’il allait bientôt rencontrer, ils seraient toujours heureux et vivraient une longue vie ensemble. Et ce fut vrai, car Dumitru a connu Maria. Il a su qu'il l'aimerait pour toujours dès leur première rencontre. Maria alla avec lui dans la cachette des bois et elle n'y resta pas pendant trois jours ou deux mois, mais... pour toujours!

    Les jours passaient et Maria avait déjà appris tant de choses sur la vie des haïdouks qu’elle en devint elle-même un. Dumitru et Maria pouvaient être toujours ensemble, partager le bien et le mal, s’aimer, sans l’espoir d’une maison à eux dans le village au bord de la forêt... Ils vivaient heureux et amoureux.

    Un jour, au sommet de la colline, les deux ont rencontré un ermite qui prononça ces mots et s’en alla: « Quand une sorcière dit cent mots sous la Lune, il ne faut en croire qu’un seul sous le Soleil! ». Maria a su alors que ces paroles s’accompliront un jour... Dumitru, lui, il rit.

    Le temps passait et les haïdouks perdaient leurs vies, un à un. Seuls, Dumitru et Maria, ont abrité dans leur cachette un soi-disant déserteur que Balta avait rencontré un jour, dans la forêt. Ils sont devenus bons camarades, mais Maria sentait que quelque chose n’allait pas bien. Un jour, Balta et son nouvel ami sont partis  dans le village. Le faux déserteur prétendit avoir perdu son arme et demanda celle de Balta. Il le tua d’un seul coup et porta son corps dans le village. La Lune illuminait les sentiers devant... comme lamour de Maria allait suivre Dumitru Balta pour toujours...

    On aurait dit que c’était la fin du dernier haïdouk. Mais non, personne ne découvrira le mystère de la fin de Maria, la femme haïdouk et la bien-aimée de Dumitru. Parce que les secrets ont été peut-être dits dans des murmures... pour laisser vivre une histoire d’amour qui ne finira jamais, celle du haïdouk Dumitru que Maria a aimé et suivi dans une cachette obscure, tout comme la Lune!

     

    NOTE. Cette légende est reprise des paroles des villageois de chez moi, mais j’ai dû y ajouter quelques éléments pour qu’elle devienne une rédaction conforme au réglement du concours de création Olympiades de la Francophonie 2020...

     

    *NEAMT- est une région extrêmement riche en histoire, arts, culture et spiritualité dans le nord-est de la Roumanie dont la ville de Piatra-Neamt est la ville – résidence

    Photo: ANDREI ASAVEI (XIe E, CNCH Piatra-Neamt)