Lucie, deuxième lettre. Février 1943.

  • Deuxième lettre de Lucie

     

    Lyon, le 5 février 1943

    Chère Carmen,

     

    D’abord, merci pour de me donner du courage. Je suis trop heureuse d’avoir ta réponse, d'avoir de tes nouvelles et je suis à la fois triste pour ton histoire et celle de tes camarades. Je suis très désolée pour leur disparition à cause du régime franquiste. Je souhaite te transmettre mes plus sincères condoléances pour la perte de toutes ces personnes importantes pour toi. Ensuite, je te remercie pour toutes les explications que tu m'as données dans ta lettre au sujet de la difficile situation que vit l'Espagne. Je souhaite qu'elle s'améliore bientôt. Je pense que vous faites ce qui est correct pour lutter contre Franco. Vous, le peuple espagnol, vous ne méritez pas cela !

     

    Ici, la guerre devient de plus en plus dévastatrice pour nous. Aussi bien les Britanniques que les Français, nous avons cru que les forces allemandes nous attaqueraient à travers la Belgique comme ils l'ont fait lors de La Grande Guerre. Par conséquent, notre défense face à l’attaque allemand visait à protéger la frontière avec la Belgique. Pourtant, l’attaque a traversé la forêt des Ardennes dans le sud-est de la Belgique et le nord du Luxembourg. Les allemands sont parvenus à entrer en France et finalement le 14 juin 1940, Paris est tombée dans les mains des allemands. À partir de là, l’Allemagne a occupé tant le nord de la France que sa côte Atlantique jusqu’à la frontière espagnole. Au début, on avait l'espoir de pouvoir récupérer rapidement notre territoire, car en vertu d'un accord entre mon pays et l'Allemagne, la France est devenue divisé en deux parties, comme tu le sais, la zone occupée et la zone libre. Dans la zone libre un nouveau gouvernement a été établi à Vichy, sous les ordres du maréchal Pétain qui a déclaré être neutre mais qui maintient une politique de collaboration avec l'Allemagne. Ce gouvernement représente la France vaincue. Il y eu donc une certaine tranquillité, on assumait la défaite et pas la lutte contre cette occupation.

     

    Mais s'il y a occupation, il y a de la résistance ! La France libre a aussi un dirigeant : le général Charles de Gaulle. Ce général s'est consacré à contre-attaquer les allemands et il a dirigé la division blindée dans la lutte contre les nazis. Ce qui supposait une révolution dans les techniques de lutte, mais surtout il a été capable d'agglutiner la conscience des Français et de nous joindre pour lutter en vue d'avoir un pays libre. Il a dû le faire depuis une chaîne britannique, la BBC, mais le 18 juin 1940, il a prononcé un discours qui sera historique. Il a appelé tous les Français après la défaite et l'invasion de l'Allemagne nazie. Avec sa grande voix, sa position et ses raisons il a réussi à nous unir et à nous encourager. Depuis lors, il est d'une certaine manière à la tête de la France libre, en opposition au régime collaborationniste de Vichy et il nous maintient avec force et espoir.  

     

    Il est vrai que tous nos espoirs de récupération ou de paix se sont dilués quand le 8 Novembre 1942 les alliés ont débarqué dans le nord de l’Afrique et à partir de là les Allemands comme les Italiens ont occupé aussi la partie libre de la France. Tout le pays était donc occupé. Mais il est vrai aussi que nous les Français, nous ne pouvions pas rester impassibles lors de l’occupation nazi.

     

    Et voilà, c´est pourquoi j´ai décidé d´entrer dans la Résistance. Beaucoup de membres du parti communiste ont continué à s’organiser, dans les villes, mais aussi à la campagne, car c´est beaucoup plus sûr. Notre lutte consiste principalement à faire des actions d'information et de sabotage contre les troupes nazis. On distribue des brochures à propos des aspects civils et non violents. On est des hommes et des femmes de tous les âges, quelques-uns très jeunes. On lutte ensemble contre l´injustice, peu importe la race, l’âge ou le sexe. Nous sommes principalement des démocrates, des chrétiens, des socialistes et des communistes luttant ensemble pour la même cause. Nous avons l’appui des antifascistes italiens, des antinazis allemands et des républicaines espagnols, tous des réfugiés en France à cause de la dure situation politique qu’ils vivent dans leurs pays. D’ailleurs, en France il y a les Maquis, un groupe de gens qui font partie de la Résistance s’enfuyant de la justice et se cachant principalement dans les montagnes de la Bretagne et du sud de la France.
    À propos de ce groupe, j’ai entendu dire qu'ils existent aussi en Espagne et que ce soint des groupes armés clandestins qui luttent contre le régime franquiste. Pourrais-tu m'en parler un peu plus ? Comment est-ce qu´ils s’organisent ? Et comment est-ce qu’ils font leur opposition en Espagne contre le régime franquiste ?

     

    Et voilà, c'est tout pour le moment, Carmen, on espère que les exécutions s’arrêtent chez vous. Je te souhaite beaucoup de chance et j'espère que ta vie va bientôt se remplir de bonheur.

     

    Au revoir mon amie, j’attends de tes nouvelles.

    Bisous.

    Lucie