FINLANDE KHUMO - J Curie Boulazac

  • DELEGATION DE BOULAZAC A KHUMO

    Equipe Joliot Curie BOULAZAC

    Hélène WITKAMP, Marie-Pierre DE GELIS et Frédéric GUYARD.

    Accueil par l'école

    Première rencontre avec l'équipe de direction et nos deux collègues hyper accueillantes : Hanna et Maarit de part et d'autres d'Hélène.

    Rencontre avec la Maire de Kuhmo

    Un incroyable temps de rencontre avec la Maire de Kuhmo où nous avons non seulement parlé fonctionnement du système éducatif mais aussi du parallèle entre la Carélie (Région de Kuhmo) et le Donbass (Ukraine). L'apport fut historique et sensible.

    Réception officielle à l'Hôtel Kalevala

    Le séjour fut aussi l'occasion d'un dîner officiel avec le Conseiller Principal de la région de Kuhmo. Les échanges autour de nos systèmes éducatifs furent riches. Ce fut aussi l'occasion de parler du fonctionnement de notre projet Erasmus car nos collègues Finlandaises sont très motivées pour venir en France.

    L'anecdote

    Clin d'oeil européen que cette brève rencontre avec Martine AUBRY, fille de Jacques DELORS, principal instigateur du programme ERASMUS.

  • PRINCIPAL SUJET D'OBSERVATION:

    Pour ce projet en Finlande, une attention particulière est portée à la prise en charge des élèves en situation de handicap, et plus largement à besoins éducatifs particuliers, ainsi qu'au continuum du parcours depuis la petite enfance jusqu’à l’adolescence au sein du système éducatif.

    EMPLOI DU TEMPS de notre Projet Erasmus à Kuhmo:

    Timetable_Kuhmo.pdf

     

    1)- Fonctionnement du système éducatif Finlandais

    Le coeur du système éducatif finlandais repose sur la "Compulsory education" ou "Basic education" qui est dispensée dans des "Comprehensive Schools". La scolarité y dure 9 années appelées "grade". Le grade 1 commence à l'âge de 7 ans et le grade 9 correspond à l'âge de 17 ans. Elle marque le début de la scolarité obligatoire.

    Il n'existe pas d'école maternelle mais une seule année de "Pre-primary education" non obligatoire dispensée également dans une "Compréhensive School". On pourrait la qualifier de grade 0, elle correspond à l'âge de nos CP mais il s'agit bien d'une année d'entrée dans la scolarisation. Il y a donc un décallage d'une année dans l'apprentissage systématique de la lecture par exemple. Avant cette année de préscolarisation non obligatoire, les enfants peuvent aller dans des jardins d'enfants payants.

    A l'issue de la "Comprehensive school", les élèves doivent choisir entre la "General upper secondary school" (Voie générale) ou un "Vocational institute" (Voie professionnelle) pour une durée de 1 an. La scolarité est obligatoire jusqu'à l'âge de 18 ans. Les passerelles entre les deux voies sont toujours possibles.

    Les particularités de l'éducation en Finlande sont:

    - Reconnaissance sociale de la profession d'enseignant

    - Pas d'inspection des écoles, pas d'évaluation des enseignants

    - Pas d'évaluations nationales

    - Durée de la journée de classe réduite

    - Peu de travaux personnels à la maison

     

    Les élèves ont un certain nombre de droits:

    - La scolarisation est gratuite, le matériel est gratuit, le repas du midi est gratuit.

    - Un service de santé incluant des infirmières,des dentistes et des psychologues est gratuit.

    - Le transport scolaire est gratuit, parfois en taxi.

    - Les élèves ont le droit à un accompagnement personnalisé en personnel et en support (Voir partie 3). Il n'y a quasiment pas de redoublement.

     

    Il y a 190 jours d'école dans l'année scolaire. Le temps de classe est parmi les plus faibles du monde. Le nombre de cours augmentent petit à petit au fil des 9 années au sein de la "Compréhensive school".

     

    La "Comprehensive school" est prise en charge par les municipalités. Les établissement recoivent un budget annuel après soumission par l'équipe de direction. Le salaire de début de carrière s'élève à 2700 €, il est à 3700€ après 20 ans de carrière. Les moyens humains et matériels dont disposent l'école de Kuhmo sont sans commune mesure avec ce que nous connaissons en France alors que le montant dépensé par élève est très proche (Source OCDE 2008). Ces données nous interrogent fortement. Comment expliquer une prise en charge si différente en terme d'encadrement à budget quasi équivalent?

     

    S'agissant des résultats aux évaluations internationales PISA, la Finlande obtient également des meilleurs scores que la France. Au delà des valeurs éducatives et pédagogiques de la Finlande, un temps d'enseignement réduit en journée avec un encadrement supérieur en nombre favorise sans aucun doute les apprentissages des élèves et leur bien-être dans une spirale à renforcement positif.

     

    Ci-dessous, les documents de référence qui nous ont été remis lors de notre mobilité.

    Organigramme Système éducatif en Finlande.pdf

    Compulsory education in Finland.pdf

    The Finnish education system.pdf

    Ci-dessous, quelques données OCDE sur les dépenses d'éducation et les évaluations PISA.

    Regards_sur_l_education.pdf

    DEPP-NI-2012-29-depense-eleve-france-ocde_237877.pdf

    PISA2018 _Resumés_I-II-III.pdf

     

    2)- Fonctionnement de l'école de Kuhmo

    Dans l’école où nous avons été accueillis, il y a deux sites principaux :   l’école élémentaire en bois, et l’école secondaire en pierre. 

    L’école élémentaire est une école récente. Elle a été réalisée en bois, ce qui lui confère des qualités sonores et un visuel apaisant.

    Les enseignants prennent les élèves en charge à 8h30 jusqu’à 13h ou 14h. Une garderie est possible dans l’école avant cet horaire.

    Les chaussures sont interdites dans l’école : les élèves se déchaussent dans le sas d’entrée et entrent dans l’école soit en chaussons, soit en chaussettes.  

    Nous avons constaté une grande autonomie des élèves. Ils attendent dans la cour devant la porte que la sonnette les autorise à entrer et rejoignent seuls leur salle de classe. C’est là que les enseignants accueillent leurs élèves.

    Un grand hall peut servir aux regroupements ou aux travaux de groupe et il n’est pas rare de rencontrer dans les couloirs des petits groupes d’élèves qui travaillent sans surveillance.

     

    Les salles de classe sont toutes équipées d’écrans géants avec connexion à internet et de tableaux blancs. Les enseignants utilisent des manuels avec ressources numériques en ligne.  Les élèves sont installés sur des tables individuelles et des chaises pivotantes à roulettes. Pour les élèves qui peinent à rester concentrer, il existe aussi des paravents qui leur permettent de s'isoler un peu du reste de la classe. 

    L’école est équipée d’une salle de musique, d’une salle de sport, d’une salle de travaux manuels, d'une salle de couture, d’une salle informatique. Toutes sont richement dotées de matériel en très bon état. Les enseignements artistiques et manuels sont nombreux.

     

     

    La surveillance des récréations n’est pas assurée par les enseignants. D’autres adultes ont cette responsabilité. En revanche, les enseignants prennent leur repas avec leurs élèves au self-service.

    Le réfectoire a été conçu pour favoriser l’autonomie des enfants : le matériel, les lieux, les repas sont adaptés aux enfants, même aux plus petits.

    Deux salles de classe supplémentaires sont disponibles à la bibliothèque municipale (très proche de l’école):

    Nous avons passé moins de temps dans l’école en pierre puisqu’il s’agit de l’équivalent de notre collège. Il s’agit d’un bâtiment plus ancien mais rénové et très propre. Les élèves de cette école partagent les mêmes extérieurs que ceux de l’école en bois, ainsi que le même réfectoire.  

     

    3)- Prise en charge des élèves à besoins éducatifs particuliers

    Au-delà des aides humaines qui sont beaucoup plus nombreuses, on constate que les niveaux de prises en charge ne s’organisent pas comme dans le système éducatif français.

    On distingue globalement 3 niveaux de prises en charge.

     

    - GENERAL SUPPORT : cette aide s’adresse aux élèves ayant besoin d’aide ponctuelle. Ils sont intégrés au groupe classe ordinaire et peuvent bénéficier d’une aide individualisée dans la classe ou en petit groupe en dehors de la classe.

     - INTENSIFIED SUPPORT : cette classe à part entière est constituée d’un groupe d’élèves fixe. Le nombre d’élèves est réduit (8 en observation). Dans cette classe sont regroupés des enfants de deux « grades » différents pour une durée plus ou moins longue selon les progrès constatés.
    Parfois ils peuvent être mélangés aux élèves des autres classes dans le cadre de l’EPS par exemple.Dans la classe observée ils étaient…. des ……… grades avec…………adultes.
    Les élèves sont des élèves fragiles avec des troubles du comportement ou de l’apprentissages modérés qui chez nous seraient en classe ordinaire sans forcément d’aide humaine.

    - SPECIAL SUPPORT : il s’agit ici d’une classe à part entière pour des enfants en situation de handicap.
    Dans la classe observée il y avait 6 élèves pour 4 adultes. Ici, la classe intègre des enfants de tous les « grades » durant toute la période de « comprehensive school » ( 7-16 ans).
    Toutes les activités se passent dans la classe. Par exemple il y a une cuisine dans cette salle car les enfants n’utilisent pas celle destinée aux autres élèves de l’école.
    Pour cette classe, il a été mis en place un système de communication spécifique avec les parents afin de faciliter l’échange. Cela implique le fait que tous les enseignants aient un éléphone professionnel. Etant donné qu’il est souvent compliqué pour les enfants d’expliquer à leurs parents ce qu’ils ont fait pendant leur journée d’école, les enseignants/assistants envoient des photos via Whatsapp aux parents pour qu’ils puissent prendre connaissance des activités réalisées en classe. Cela permet aussi de rassurer les familles sur le fait que dans cette classe « particulière », les enfants sont engagés dans les apprentissages…

    Globalement, on constate que les niveaux de prises en charge des enfants ayant des besoins, en situation de handicap ou non, varient entre nos deux systèmes éducatifs.
    L’aide humaine en Finlande est beaucoup plus importante qu’en France. De plus, la conception architecturale de l’école fait que les classes peuvent soit communiquer entre elles soit avec des espaces dédiés via un système de cloison coulissante. Cela permet donc, même avec des groupes réduits, d’individualiser les prises en charge.
    Parallèlement, l’inclusion est moins pratiquée qu’en France puisque pour des difficultés qui nous semblent réduites, les enfants sont isolés dans des classes spécifiques.

    https://www.european-agency.org/country-information/finland/systems-of-support-and-specialist-provision

     

     

    4)- Bilan
    On ne peut pas envisager une transposition directe du système éducatif finlandais en France car le modèle culturel est différent et les enfants qui rentrent à l’école à 6 ou 7 ans ne sont pas de ceux que nous accueillons en classe en France. De plus, dans l’école dans laquelle nous avons été accueillis, il y a très peu de diversité culturelle. Kuhmo est une ville de 8 000 habitants très isolée, proche de la frontière avec la Russie et les habitants qui y vivent sont pour la plupart originaires du lieu. Toutes les familles se connaissent et ont souvent des liens de parenté entre elles…
    Cependant, pour un montant investi dans la scolarité d’un enfant de primaire similaire entre la France et la Finlande (environ 7 000 euros), on constate que les moyens humains mis à disposition dans les écoles tout comme les moyens matériels sont très éloignés. On sait aussi que le salaire d’un enseignant débutant en Finlande s’élève à 2 700 euros net environ alors qu’en France il est 1 000 euros moins élevé.
    Les classes que nous avons pu observer dans tous les niveaux étaient très peu chargées avec à chaque fois au minimum deux adultes à disposition du groupe mais parfois 3 ou même 4.
    Au niveau architectural, la conception de bâtiment offre des possibilités de communication entre les classes ou avec des espaces permettant d’accueillir des petits groupes d’élèves pour de la différenciation.
    Tous ces moyens mis en place dispensent les enseignants (par rapport à nos observations) de faire preuve d’innovation au niveau des gestes professionnels. Les enfants pouvant quasiment recevoir une aide personnalisée selon les besoins identifiés, la didactique observée nous a semblé relativement pauvre en comparaison de ce que nous devons en France déployer comme compétences afin de compenser le manque de moyens…
    Les établissements disposent aussi de plus d’autonomie quant au recrutement du personnel, l’organisation des emplois du temps et de la répartition des classes entre les enseignants. Les moyens financiers mis à disposition des écoles dépendent aussi des fonds accordés par la municipalité.
    On peut donc se demander dans quelle mesure le système éducatif français serait à repenser afin d’offrir à nos élèves ainsi qu’à notre personnel éducatif des conditions de travail qui soient plus favorables, tout en maintenant notre niveau de compétences élevé dans la gestion des gestes professionnels au quotidien ?...